La semaine dernière, Jeff Hartley, président de Foss National Leasing et de LeasePlan Canada, a annoncé qu'il prenait sa retraite. Lors de cet entretien d'adieu, Jeff relate son parcours remarquable de 22 ans.
Interviewer : Vous prenez votre retraite de Foss National Leasing après 22 incroyables années. Lorsque vous en avez pris les commandes en 2002, elle était bien différente de celle d'aujourd'hui. Quelles étaient vos priorités stratégiques à l'époque et comment l'ont-elles aidé à devenir ce qu'elle est aujourd'hui ?
Jeff Hartley : Lorsque j'ai commencé, il s'agissait d'une entreprise de location basée sur une concession qui gérait 2000 véhicules. Aujourd'hui, nous en gérons 50 000.
À l'époque, j'ai vu une occasion d'affaires que les grandes sociétés nationales de gestion de parcs automobiles n'avaient pas saisie. J'en ai tiré profit et ai donc fait part de ma vision au propriétaire de l'entreprise, qui m'a appuyé. Cependant, nous devions mettre en place l'infrastructure de l'entreprise pour faire face à la croissance que nous prévoyions. Nous disposions de ressources limitées pour y parvenir. C'est donc avec du fil de fer et du ruban adhésif, métaphoriquement parlant, que nous avons commencé à mettre en place cette infrastructure. Au fur et à mesure du développement de l'entreprise, les bénéfices nous ont permis de prendre des mesures pour améliorer et modifier nos systèmes.
J'ai eu la chance qu'une partie du personnel en place soit composée de personnes avec lesquelles j'avais déjà travaillé. Ils ont compris où nous voulions en venir et leur enthousiasme a facilité la transmission du message au reste de l'entreprise. Nous avons donc commencé. Il s'agissait d'une croissance organique progressive, et non d'une acquisition.
Lorsque j'ai commencé, nous gérions 2000 véhicules. Aujourd'hui, nous en avons 50 000.
Interviewer : Au fil des ans, vous avez monté une équipe étonnante, composée de personnes très performantes. Quels seraient les derniers mots que vous adresseriez au personnel de Foss National ?
Jeff Hartley : Il n'y a aucune raison pour que nos succès ne se poursuivent pas. En effet, au cours des dernières années, nous avons mis en place une structure et des processus qui nous permettent de poursuivre cette courbe de croissance. L'équipe de direction que nous avons mise en place est de plus en plus capable d'envisager la direction que doit prendre l'entreprise et de l'y amener.
Je pense qu'il est très important qu'ils poursuivent dans cette voie et qu'ils s'adaptent au climat économique. Nous voyons de formidables opportunités pour l'entreprise dans les décennies à venir.
En ce qui concerne la continuité du leadership, nous disposons d'une équipe solide qui peut poursuivre sur la base des excellentes fondations que nous avons construites. Plusieurs membres clés du personnel ont suivi un parcours de développement du leadership au cours des dernières années pour se préparer à ce moment. Par exemple, nous avons travaillé avec mon successeur, Basil Marcus, pendant une période prolongée afin que l'entreprise ne perde pas de temps après mon départ. Les entreprises sont confrontées à des défis ; et je pense que nous avons les bonnes personnes dans les bons rôles pour résoudre les problèmes et ainsi faire progresser l'entreprise.
Jeff Hartley et Basil Marcus
Interviewer : On craint toujours de créer un vide à la tête de l'entreprise lorsque le président s'en va. Quelles sont les mesures spécifiques que vous avez prises pour que l'entreprise continue de prospérer ?
Jeff Hartley : Il y a de nombreuses années, nous avons identifié un problème. L'entreprise gravitait, en effet, dans une large mesure, autour de mes initiatives. C'était bien au départ, mais au fur et à mesure que l'entreprise prenait de l'ampleur et se développait, ce n'était plus viable, ni même sain pour l'entreprise même. Il était injuste que son succès ne repose que sur mes épaules. En 2017, j'ai eu plusieurs idées sur la direction que devait prendre l'entreprise. Il s'agissait notamment de développer une division de location à court terme et de créer des produits pour le marché des PME, ainsi que de développer ce que nous avons déjà fait avec Leaseplan. L'équipe ne pouvait pas tout faire, car nous avions toujours eu une équipe très restreinte. Nous avons donc fait appel à Basil pour qu'il se concentre sur ces projets particuliers pour lesquels nous ne disposions pas des ressources nécessaires dans nos activités quotidiennes.
Nous avons pu l'affecter à ces nouveaux projets afin qu'il puisse se faire la main sur des aspects de l'activité qui n'étaient pas vraiment notre pain et notre beurre. Je n'aime pas utiliser le terme « ingérence », mais à ce moment-là, Basil n'était pas impliqué dans la gestion quotidienne de l'entreprise. C'est ainsi qu'il a commencé à apprendre et à percevoir les fondements stratégiques de l'entreprise. Sous sa gouverne, ces nouvelles initiatives se sont développées et sont devenues totalement intégrées dans le tissu de l'entreprise. Au fil du temps, Basil a assumé davantage de responsabilités au sein même de l'entreprise. Il connaît bien les rouages de nos systèmes de gestion de parc automobile et de nos clients. Je suis très satisfait du leader qu'il est devenu.
James Ricci (président et directeur de l'exploitation du groupe Foss) et Basil ont également été impliqués dans les travaux stratégiques et de financement que nous avons entrepris. Avec notre équipe de direction, ils sont désormais bien informés et équipés pour faire face aux complexités de l'entreprise. Nous avons fait un si bon boulot avec ce plan de transition que je suis convaincu que, lorsque je me retirerai, beaucoup de gens ne le remarqueront même pas - ce qui est une bonne chose en soi.
L'équipe de Foss National Leasing
Merci de m'avoir aidé à mener une carrière des plus incroyables et des plus intéressantes.
Interviewer : L'activité de gestion de parc automobile repose sur un partenariat avec des clients, des banques et des fournisseurs. Au fil des ans, vous avez développé des relations fructueuses avec de très nombreuses personnes. Celles-ci souhaitent connaître les raisons pour lesquelles vous prenez votre retraite et l'impact que cela peut avoir sur leurs activités. Qu'aimeriez-vous leur dire ?
Jeff Hartley : J'aimerais dire simplement : « Merci de m'avoir aidé à mener une carrière des plus incroyables et des plus intéressantes ». Je n'ai jamais eu une journée ennuyeuse. En fait, j'aime le secteur des parcs automobiles pour sa variété, son étendue et son envergure. J’aime vraiment tout : du financement à la mise en circulation d'une voiture. J'adore cette partie du métier. Je m'y investis corps et âme. Mais arrive un moment où il est primordial d'apporter du sang neuf pour assurer la pérennité d'une entreprise. J'ai vu une opportunité pour l'entreprise de continuer à avancer avec une nouvelle génération de talents, avec l'enthousiasme qui est indispensable à la santé à long terme de toute entreprise. Je ne voulais surtout pas être un point d'ancrage pour l'entreprise. Je veux plutôt être un facilitateur. Je pense qu'il est temps de voir l'équipe de direction s'épanouir de manière indépendante. Ils sont préparés et l'entreprise même est prête.
IInterviewer : Et l'actionnariat de l'entreprise ? Vous quittez une entreprise familiale. Que pouvez-vous en dire ?
Jeff Hartley : J'ai travaillé dur pour obtenir la confiance de la famille. Tout a commencé avec Roy Foss, il y a bien longtemps. Ça s'est poursuivi jusqu'à aujourd'hui avec Karen et maintenant James. Jamais Roy et Karen ne m'ont jamais interrogé sur les performances de l'entreprise d'un mois à l'autre ou d'un trimestre à l'autre. Ils m'ont plutôt demandé : « Que ferons-nous dans cinq ans, dans vingt ans ? Quel est l'avenir de l'entreprise ? Quels sont vos plans ? »
La famille Foss m'a laissé gérer l'entreprise comme je l'entendais. Comme si elle m'appartenait. Elle m'a fourni les ressources nécessaires. Karen Foss, qui a succédé à Roy, est merveilleuse. Elle est beaucoup plus en confiance que beaucoup de propriétaires ne le seront jamais. Elle m'a laissé faire évoluer l'entreprise de la manière dont je pensais qu'elle devait être développée. Ne confondez pas confiance et ingérence. Chaque fois que j'ai modifié la stratégie de l'entreprise, il y a eu de nombreuses discussions, mais une fois que nous nous sommes mis d'accord, la famille m'a donné carte blanche. J'en suis très reconnaissant. Je pense que c'est l'une des raisons pour lesquelles Karen et moi avons eu une si bonne relation, basée sur cette confiance, ce qui m'a permis d'accomplir beaucoup de choses.
James Ricci et Basil ont tous deux la possibilité de reproduire ce que Karen et moi avions et d'amener l'entreprise à un niveau supérieur. Ils ont les compétences nécessaires pour y parvenir, et le marché est là. Beaucoup de choses passionnantes vont se produire, et j'espère être là pour les voir.
Interviewer : Au moment où vous vous retirez, comment souhaiteriez-vous que l'on se souvienne de vous ?
Jeff Hartley : J'aimerais que l'on se souvienne de moi comme de quelqu'un qui a travaillé dur dans un milieu d'affaires complexe. J'avais une connaissance approfondie des défis du secteur et j'étais capable d'apporter de l'innovation à l'entreprise. J'aimerais pouvoir dire que j'ai aidé de nombreuses personnes tout au long de mon parcours. Que j'ai contribué au développement et à la croissance de leur carrière, et qu'ils en sont satisfaits. J'ai su faire face à de nombreuses situations difficiles tout en conservant mon intégrité et ma gentillesse. Nombreux sont ceux qui ont dit que j'étais une âme douce ou que j'étais trop tolérant à l'égard des gens. Je ne pense pas que ce soit le cas. J'ai fait preuve de fermeté quand il le fallait, mais j'aime à penser que j'encourageais les gens à réaliser leur potentiel. Le résultat final est une entreprise qui a prospéré au fil des ans malgré les difficultés. J'ose croire que l'on se souviendra de moi comme d'un bâtisseur d'entreprise.
Au début de ma carrière, on m'a dit quelque chose qui m'est resté en mémoire et que j'espère transmettre : « Jeff, ne sois pas bon, sois chanceux.... et d'ailleurs, plus tu travailleras dur, plus tu seras chanceux. »
L'engagement professionnel m'a imposé de nombreux sacrifices dans ma vie personnelle. Ma femme Lindsay et le reste de ma famille m'ont toujours soutenu dans ce que j'essayais d'accomplir. Avec ma retraite, j'ai la liberté de faire ce que je veux selon mon emploi du temps. C'est une période très excitante. Tant pour l'entreprise que pour moi.
Remarque : Jeff Hartley restera conseiller stratégique pour le groupe Foss,accordera son soutien à l'équipe de direction de Foss National et aux autres divisions du groupe automobile.
Jeff Hartley
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Ancien président
Jeff Hartley a été président de Foss National Leasing de 2002 à 2024. Jeff a plus de 25 ans d'expérience dans l'industrie financière. Avant de rejoindre Foss National Leasing, Jeff a été président de Volvo Commercial Finance de 1997 à 2000 et vice-président de GE Capital de 1987 à 1996. Jeff a également été impliqué dans des opérations à différentes échelles, allant d'une entreprise en phase de démarrage à une organisation disposant d'un actif de 750 millions de dollars.
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